Brandalisme, quand l'art défie la publicité et interpelle le public

Article publié le 09/12/2024
Temps de lecture : 3 minutes
Auteur : l'équipe rédaction du site formation-graphiste.com


Le brandalisme est un mouvement artistique et contestataire qui détourne les espaces publicitaires pour dénoncer l'omniprésence de la publicité et son impact sur la société, notamment sur les entreprises polluantes

À travers l'art et la satire, ses activistes questionnent les valeurs promues par les marques et appellent à une prise de conscience collective face aux enjeux sociaux et environnementaux.

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Un militant du collectif colle une affiche détournée d'AirFrance à l'occasion de la COP21 à Paris, en décembre 2015 © Ouest France


Aux origines du "brandalism", la naissance d'un art contestataire

L'histoire du brandalisme : l'art en rébellion contre la publicité

Le brandalisme, né à Londres en 2012, tire son nom d'un mot-valise « brand » (marque) et « vandalism » (vandalisme).

Ce collectif anti-publicité regroupe des artistes engagés, ayant pour objectif de détourner les publicités présentes dans l'espace public afin de porter des messages militants. Leur première action marquante s'est déroulée peu avant les Jeux olympiques d'été de 2012, avec le remplacement de 35 affiches publicitaires dans plusieurs grandes villes britanniques.

En novembre 2015, lors de la COP21 à Paris, le collectif s'est fait remarquer en détournant environ 600 publicités du groupe JCDecaux, ciblant notamment des sponsors de la conférence tels qu'Air France, Engie et Dow Chemical, pour dénoncer la domination des multinationales sur les négociations climatiques.

À cette période, le collectif comptait plus de 80 artistes originaires de 19 pays, affirmant ainsi son impact international.

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Publicité de Volkswagen détournés par le collectif "brandalism" © La Réclame
 


Philosophie du brandalisme, l'art au service de la contestation sociale

Le brandalisme repose sur : 

"Le principe démocratique selon lequel la rue est un espace de communication appartenant aux citoyens et aux communautés qui y vivent, et non aux grandes entreprises qui y déploient leurs messages publicitaires".

Le mouvement se positionne comme une rébellion contre l'invasion visuelle orchestrée par les géants des médias et de la publicité. L'objectif principal est de reprendre le contrôle de cet espace en dénonçant les dérives commerciales et les pratiques peu éthiques.

Pour cela, les membres du collectif recouvrent ou remplacent les publicités par leurs propres créations artistiques : des affiches portant des slogans critiques envers les publicités, des messages accusateurs visant les marques ou entreprises, et des déclarations philosophiques et politiques, parfois teintées de poésie.

À travers ces actions, le mouvement cherche à éveiller les consciences et à redonner aux citoyens le pouvoir sur l'espace public.
 

Évolution du brandalisme, l'impact grandissant d'un art militant

Depuis sa création en 2012, le mouvement brandalisme s'est transformé en un réseau international regroupant artistes et activistes engagés. Démarré en Grande-Bretagne, il a rapidement élargi son influence en utilisant des événements mondiaux comme vitrines de ses actions.

Parmi ses interventions marquantes figurent son initiative lors des incendies en Australie en 2019-2020, où des publicités ont été remplacées pour sensibiliser à la crise écologique, ainsi que sa campagne contre HSBC en 2020, dénonçant l'impact environnemental de la banque.

Le brandalisme continue d'utiliser le "subvertising", une forme d'activisme consistant à détourner les publicités, pour critiquer le consumérisme et l'omniprésence des marques dans l'espace public.

Son objectif demeure clair : ouvrir un débat sur l'appropriation des espaces publics tout en remettant en question les pratiques des industries qui façonnent nos environnements visuels.​

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D'ici 2025, nous avons l'intention de réduire le financement des comestibles fossiles qui tueront cent millions de personnes d'ici 2023" © Étudiant


Quand l'art défie la publicité : exemples marquants du brandalisme

Le brandalisme s'est illustré par des actions marquantes dénonçant l'entreprise des grandes entreprises sur l'espace public et l'environnement.

Lors des Jeux olympiques d'été de 2012, le collectif a fait sensation en remplaçant des publicités par des affiches satiriques critiquant la surconsommation.

En 2015, à l'occasion de la COP21, le collectif a détourné des publicités de compagnies aériennes et de sponsors pour souligner leurs impacts environnementaux négatifs.

Enfin, le brandalisme s'attaque à la pollution de l'air en ciblant BMW et Toyota, mettant en lumière les liens entre l'industrie automobile et la crise écologique.


​Brandalisme : détournement publicitaire aux JO de Londres 2012

Peu avant les Jeux Olympiques de Londres en 2012, le mouvement brandalisme a mené une action audacieuse en remplaçant environ 35 affiches publicitaires dans plusieurs grandes villes britanniques telles que Leeds, Manchester, Birmingham, Bristol et Londres.

Réalisée par un collectif d'artistes venant de huit pays, dont des collaborateurs de Banksy comme Paul Insect, cette initiative visait à dénoncer l'impact néfaste de l'industrie publicitaire sur la société.

À travers des œuvres originales et percutantes, les artistes ont transformé ces espaces publicitaires classiques en supports d'expression engagés, soulignant les enjeux sociaux et environnementaux liés à cette industrie omniprésente.

Cette démarche créative et provocante a attiré l'attention sur la nécessité de repenser la domination des publicités dans nos espaces publics.​

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Publicité détournée pour les Jeux Olympiques à Londres de 2012 © X


Dénonciation de la pollution des compagnies aériennes avec le brandalisme

Lors de leur campagne contre les compagnies aériennes en 2022, les militants du mouvement brandalisme ont remplacé plus de 500 encarts publicitaires par des affiches satiriques pour dénoncer l'impact environnemental de l'industrie de l'aviation et de la publicité.

L'une des affiches les plus marquantes a transformé Ryanair en "Ruinair" ou encore l'image d'une aile d'avion de KLM volant au-dessus d'une forêt qui brûle, soulignant avec ironie les conséquences écologiques désastreuses des compagnies low-cost.

Défendeur de la cause écologiste, ils ont souligné le rôle important de ces industries dans l'aggravation du réchauffement climatique.

Selon un récent rapport de Greenpeace, les publicités des compagnies aériennes pourraient être responsables à elles seules d'environ 34 mégatonnes d'émissions de CO2 en 2019, ce qui équivaut à la combustion de 17 millions de tonnes de charbon.

À travers cette action audacieuse, le brandalisme a voulu attirer l'attention sur l'urgence climatique et la nécessité de remettre en question ces messages publicitaires encourageant des pratiques polluantes.​

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Campagne aérienne de Ryanair transformé en "Ruinair" © Euro


Mouvement brandalisme, critique de la pollution liée à Toyota et BMW

En 2015, le mouvement brandalism, soutenu par Extinction Rebellion, a déployé des centaines d'affiches satiriques pour dénoncer les pratiques des constructeurs automobiles BMW et Toyota.

Parmi ces détournements percutants, une affiche marquante représentait une imposante voiture Toyota rose entourée d'êtres humains célèbres rampant parmi les flammes, une scène aux accents apocalyptiques qui évoquait les peintures du célèbre Hieronymus Bosch.

S'ajoutait à cette image saisissante le slogan « Faire de la publicité pour la fin du monde », posant une critique acerbe à l'égard des priorités des grandes entreprises.

Dans la capitale, de nombreux panneaux publicitaires arboraient des messages condamnant le greenwashing, une pratique marketing trompeuse utilisée par certaines entreprises pour afficher une responsabilité écologique mensongère.​

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Imposante voiture Toyota rose, publicité réalisée par le brandalisme © X


​Artistes et brandalisme : l'engagement artistique contre la publicité

Les artistes du mouvement "brandalism" agissent souvent dans l'anonymat, leurs visages dissimulés et vêtus de gilets réfléchissants pour se fondre dans le décor lors de l'installation de leurs œuvres.

Leur travail met en lumière une vérité essentielle : être graphiste est un métier qui exige des compétences particulières et une créativité affûtée. Créer des affiches dénonçant des publicités mensongères n'est pas seulement une rébellion, c'est aussi une forme d'art engagé.

Conception graphique, maîtrise des couleurs, des messages et des techniques d'impression : toutes ces compétences se conjuguent pour transformer une affiche en un outil percutant de critique sociétale. 

C'est un savoir-faire accessible à ceux qui souhaitent apprendre et utiliser leur art pour défier les récits dominés par les grandes entreprises.

À travers cette action, le mouvement brandalisme a cherché à ouvrir les yeux du public sur l'impact environnemental des industries et leurs stratégies de communication fallacieuses.

Le mouvement "brandalism" incarne une résistance créative aux dérives publicitaires, en mettant en lumière leurs impacts écologiques et sociétaux. À travers l'art et la satire, il pousse à réfléchir sur la consommation et les pratiques de communication des grandes industries.

Si cette démarche vous inspire, l'école EDAA propose une formation en graphisme qui peut vous donner les compétences nécessaires pour vous engager dans des projets impactants et novateurs.

La formation de graphiste ouvre la voie à de nouvelles générations d'artistes, prêts à remettre en question les récits dominants et à imaginer un avenir plus durable et conscient.

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